Pour lutter contre toutes les formes d’oppression et de destruction, faut-il articuler écologie et féminisme, comme le suggère ce mot-valise apparu dans la décennie 70 « « Écoféminisme » ? Pourtant, en France, patrie de Simone de Beauvoir dont le projet était d’émanciper la femme en la « dénaturalisant », le terme a mauvaise presse : l’identification symbolique Femme/Nature peut, en effet, renvoyer à une pensée réactionnaire et misogyne du XIXe siècle.
Or, actuellement dans les pays anglo-saxons et surtout dans les pays en développement, des femmes, par leur culture et leurs traditions religieuses se réapproprient cette association en en faisant le levier de leur puissance d’agir. Ainsi, ces paysannes d’’un village de l’Inde du Nord, pour s’opposer à l’exploitation industrielle des forêts, ont dressé l’obstacle de leur corps en enlaçant les arbres…et ont gagné. Elles ont créé le mouvement Chipko (pot de colle), incitant à la libération les hommes et les femmes, « colonisés » par la logique économique de la domination et de l’exploitation de la nature.
Plus généralement, l’écoféminisme s’inscrit dans une réflexion philosophique contemporaine de remise en question d’un imaginaire occidental fondé sur des dualismes hérités du passé nature/culture, masculin/féminin, actif/passif et sur les hiérarchisations de valeurs qu’ils impliquent. Il n’est pas question d’occulter les critiques sur l’aspect utopique de ce mouvement et le lien problématique entre assujétissement de la nature et oppression des femmes. En revanche, sa grille de lecture invite à décentrer notre regard occidental pour repenser les rapports entre hommes et femmes, entre humains et nature afin d’envisager une autre forme de progrès.
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